Yukishou Fuu -Terminé-

La pièce avait cliqueté en heurtant le sol. Je m'y suis déplacé et l'ai ramassé avant de la tendre à la jeune fille, en souriant. Elle l'a récupéré et m'a remercié. Puis, elle est partie. Et je suis resté planté là, debout dans ce parc, à sourire. J'avais mon temps. Je me suis mis à rêvasser. J'ai repensé à cette petite fille quand j'étais enfant. Je l'entend encore rire alors qu'elle venait de tomber du toboggan. Remuant ses boucles noires et époussetant sa robe avec ses petites mains. Elle avait des airs de princesse. Je l'aimais bien.
Souvent, mes frères venaient me déranger quand j'étais avec elle. Ce n'était pas important. C'était pour jouer. L'aîné, Dai, faisait le fort, tandis que l'on trouvait que le dernier, Itsuki, était adorable. Moi, je suis le deuxième né. Cette place n'est pas très agréable. Très vite, j'ai apprit à m'effacer, quand je me suis rendu compte que je ne parvenais pas à attirer l'attention. Ce n'était pas important. Ce sont des choses qui arrivent. On a toujours eu une belle vie, mes frères et moi. Même si mon père était assez absent, prit par son travail, ma mère, elle, était toujours là. Toujours.
Étouffante.
Elle nous donnait beaucoup d'amour. On avait droit à beaucoup de cadeaux, de privilèges, l'argent récolté par le travail de notre père pouvait le permettre. En contrepartie, nous avons apprit à nous tenir "dans la société". Ils voyaient beaucoup de personnalités importantes et nous y étions conviés. Il fallait faire attention à être bien sage, pour ne pas apporter la honte à nos parents. Il fallait aussi être très courtois avec les demoiselles. Souvent, l'on félicitait Dai et Itsuki. Ils ont toujours été très doués. Moi? Je suis moyen. J'ai des notes acceptables, rien de particulier.
Ils me sont supérieurs.
Heureusement, je pouvais me détendre un peu quand je "la" voyait. Cette fille. Je me souviens de son nom... Kokoro. Dai se moquait souvent de moi. "Tu souris bêtement!" Ce n'était pas méchant. Juste pour m'embêter un peu. Encore. Toutes les semaines, on se retrouvait dans ce parc, avec mes frères. Ce n'était pas loin de la maison, en plus. Je tenais beaucoup à elle. Elle me parlait, plus qu'à mes frères, j'avais l'impression. Cela me plaisait. Un jour, elle est venue à moi, rougissante. Elle était mignonne. Je voyais qu'elle voulait me dire quelque chose.
J'étais amoureux.
Elle a levé les yeux vers moi, cherchant visiblement ses mots. Puis... elle m'a demandé ce que Dai pensait d'elle. J'ai dit qu'il la trouvait gentille. Elle a semblé déçue. Kokoro a reprit son sourire seulement lorsqu'il nous a rejoint pour jouer. La semaine suivante, je les ai vu se tenir la main. Elle est venue me voir pour m'annoncer qu'elle avait décidé que c'était son amoureux et qu'il était d'accord.
Je l'ai détesté
Je lui ai dit que c'était bien. En souriant. Puis un jour... elle a déménagé. Je ne sais pas où. Je n'ai pas gardé contact.

En grandissant, je n'ai pas changé. A l'école, on m'appréciait je crois. Parce que j'aimais bien rendre service. Je prêtais mes affaires. Parfois, je ne les revoyais pas. Ce n'était pas grave. Souvent, j'aidais à faire les devoirs des autres. Puisque ça faisait plaisir. Quelquefois, j'entendais rire dans mon dos. Pas important. Pas important. Je continuais. J'avais l'habitude, mes frères faisaient pareil.
J'étais manipulé.
Je ne sais pas quand est-ce que j'ai craqué. J'ai oublié. Seulement un soir, j'ai pleuré. Quel que soit la chose qui me soit arrivé dans la journée, ça avait été assez fort pour que j'en lâche des larmes. J'ai oublié. J'ai voulu oublier. Je me suis tordu, dans mon lit, avant de m'endormir. J'ai rêvé que je me vengeait. Que je disais "non". Que je les contrôlais à mon tour. Qu'ils se pliaient devant moi. Qu'ils pleuraient.
J'aimais ça.
Le lendemain, je me suis réveillé avec un oeuf, dans mon lit. Je ne comprenais pas. Je me suis demandé d'où il venait, puis, il a éclot. Spades est né.
Et j'ai commencé à m'amuser.
Je ne sais plus quand, il y a eu une réunion entre mes parents et une entreprise. Je ne sais pas non plus comment ils ont fait pour voir mon "Chara". Ce qu'il m'ont proposé était intéressant. Alors, j'ai accepté. Me voilà un "Velikonoce". C'est un travail étrange.
Mais qui me permettra d'accomplir mon rêve.

L'enfant modèle, celui que tout le monde aimerait avoir. Calme, poli, effacé. Tu donnes une impression de petit prince. On dit que c'est mignon, adorable. Le genre de garçon pour qui les femmes ne peuvent se retenir de tirer les joues. Tu as une bouille de bébé, mais tu te comportes "comme un grand". On pourrait te dire plus mature que certaines personnes plus âgées que toi. Tu fais l'effet d'un vieux sage. Tu restes immobile, tu écoutes, tu conseilles. Et tes avis sont généralement justes et objectifs. On peut te reprocher ton inactivité, car certes, tu es bien gentil, mais tu ne réagis pas beaucoup lorsque l'on te parle, en bien ou en mal. Arrêtes de sourire gentiment et défends toi un peu! A-t-on envie de te crier. On crève d'envie de te prendre par les épaules et te secouer. Et encore, malgré cela, tu serais capable de rester parfaitement calme avec ton sourire doux. L'archétype parfait du prince de conte. On sait que tu existes mais on ne te vois pas. Tu sers pas à grand chose, puis, lorsque l'on demande ta présence, tu arrives, avec un sourire éclatant de politesse, tu fais ta scène, et enfin, tu disparais à nouveau, jusqu'à la fois suivante.
Serviable, tu ne rechignes jamais lorsque l'on requiert ton aide. Tu t'exécutes docilement, ce qui te fait bien souvent passer pour le pigeon de service. Et toi, comme toujours, bien que tu en es parfaitement conscient, tu le nies. Tu l'ignores. Avec les filles, tu es atteins du "complexe du chevalier". Il faut les secourir, il faut les traiter en princesse, puisqu'il est ainsi que tu as été élevé. Les garçons, tu évites de t'y frotter de trop près. Tu aides aussi, mais ce n'est pas aussi mécanique que pour les demoiselles. Tu veux bien participer à leurs discussions... enfin, "participer", tu les écoutes parler plutôt. Mais surtout, tu évites les conflits.
Endormi, tu sembles constamment fatigué. Prends-tu bien tes heures de sommeil chaque nuit? Il y a de quoi en douter. Un peu lent dans tes mots, tes réflexions, tu as la tête de celui prêt à s'endormir à tout instant. Pourtant, il est attentif à ce que l'on te raconte, trompeur que tu es. Ton sourire doux est, pour certains, un sourire "mou". Bien entendu, toi qui évite les conflits, tu passes pour le pacifique de service, en plus du pigeon. C'est toi que l'on envoie parler aux gens avec qui on s'est brouillé pour qu'en cas de colère, se soit toi qui te reçoive tout. Pour beaucoup, tu es si facilement manipulable. Gentil, trop gentil. Tu en deviens ridicule, pathétique.
Lorsque l'on ne te le demandes pas, tu restes silencieux. Tu fais preuve d'une grande retenue de tes émotions. Tu ne te permets que trop rarement les éclats de rires ou les larmes. Tu souris, tout simplement. Crier non plus, tu ne connais pas. Travailleur, tu n'es ni le premier de la classe ni le dernier, juste "bon". Sérieux et calme, tu ne te fais pas remarquer et les professeurs aiment ça.
Au final, tu es bien mignon, mais c'est un peu triste de voir un enfant de ton âge ne pas s'amuser.
Mine de rien, tu es conscient de la manière dont tu te fais contrôler. Et le "vrai" toi déteste ça au plus haut point... Tu caches ta haine mais le vrai la révèle. Tu as la langue bien pendue et tu n'hésites pas à énoncer des faits de manière sèche, froide, quitte à être vulgaire. Tu souris mesquinement lorsque tu vois quelqu'un pleurer à cause de tes propos. La jalousie te dévore et tu ne peux t'empêcher d'envier les autres pour les avaler tout cru. Pour les rendre plus pitoyables à tes yeux. Ta rancune te ronge au point que tu aimes manipuler et ronger les autres de tes mots. Démon que tu es, la souffrance d'autrui te procure un si grand plaisir que tu n'as besoin de rien d'autre. Écraser les autres jusqu'à ce qu'ils s’étouffent dans la poussière et dans le désespoir, c'est ce qui te motive... En plus de manger des sucreries.

Quel âge te donne-t-on? Douze? Treize ans? Tu es petit, tu as toujours une bouille de bébé, ta voix n'a pas encore mué. Ce n'est pas la faute des autres, ni la tienne, ton corps est juste en retard par rapport à ton âge réel. Trop souvent, tu dois lever les yeux pour t'adresser aux gens. Trop souvent, tu dois corriger les gens qui te préviennent "le primaire, c'est par ici". Ton corps est, dans l'ensemble, assez fin, sans être d'une particulière maigreur pour autant. Ta peau est blanche, chose normale et typique pour un japonais. Douce au toucher, tu as toujours ta peau d'enfant (encore heureux, tu échappes à l’acné). Tes gestes sont lents, mesurés. Ton visage, lui, au contraire du reste de ton corps, est rond. Pourvu de joues dodues qui se font trop souvent tirer par les femmes plus âgées. Air de hamster, ou de peluche. Les cheveux, c'est autre chose, plus ou moins courts, ébouriffés, de coloris bleu (car oui hein, c'est normal. On croise des gens aux cheveux bleus tous les jours. Surtout chez les Simpson. Ou chez les Magical Girls). Tes mèches sont fines et une épaisse frange recouvre le haut de ton visage. Tes yeux, quant à eux, sont d'une teinte ambrée. Ils dégagent une impression de calme, voire, de sommeil. Ton sourire de fines lèvres rosées, quand à lui, aspire à la douceur, de même que ta voix.
Niveau vestimentaire, lorsqu'il ne porte pas l'uniforme, ce n'est pas bien folichon. Vêtements simples, sans formes particulières. Beige, blanc, bleu. N'allant pas forcément ensemble, mais il reste soigné, par principe.