Impossible, improbable... Et puis une rencontre. [PV Sachiko]

- Quand je pense qu'elle était si douée pour t'arracher tes devoirs des mains, je marmonne avant de me tourner vers Loan pour voir s'il m'écoute...

...Et je les croise. Pas ces yeux bleus de Loan, comme je m'y attendais, mais deux éclats violets. Je ne les avais jamais vu avant bien sûr. Mais je les reconnais immédiatement. Mon regard s'y accroche, avant même que mon esprit ne mette un nom dessus. Esprit qui se reconnecte petit à petit et qui me fais prendre conscience que je ne suis pas la seule à les avoir aperçu...

- Loan, reviens !

C'est impossible.
Il a en un instant oublié ses affaires de cours et plonge désormais dans la foule d'inconnus, cherchant à rejoindre ces deux éclats améthyste qui avaient pourtant d'ors et déjà disparus. Il ne va pas les retrouver. Je le sais ! Alors pourquoi est-ce qu'il court ? Les humains sont tellement étranges...

C'est Impossible...
Il pousse, écarte, bouscule sans regret tous les obstacles osant se mettre en travers de sa route. Je sais bien qu'il n'a qu'une idée en tête. Une idée qui va lui faire mal car encore une fois il ne pourra l'atteindre. La rejoindre...

C'est... impossible...
Il est à bout de souffle, ça se voit. Encore, il court après un espoir de quelques instants. Ni moi ni lui ne les avions rêvé ces yeux... Mais les rejoindre semblait totalement improbable. Je réussis à m'accrocher au col de son tee-shirt, lui criant de s'arrêter, sachant qu'il ne le ferait que bien plus tard.

C'est... IMPOSSIBLE.
Heureusement, il finit par s'arrêter, comprenant que cela ne sert à rien. Un rire nerveux, un peu fou secoue alors ses épaules, tandis que je m’assois plus tranquillement sur son épaule, inquiète. Un liquide tiède coule doucement le long de ses joues, tandis que mon cœur est assaillit de sentiments et d'émotions contradictoires : du soulagement, de la colère, de la tristesse, du doute...

- J'aurais du m'en douter... c'était impossible que ce soit elle, pas vrai ? me demande-t-il de manière rhétorique, essuyant rageusement ses larmes naissantes. C'était stupide de croire qu'elle était près de nous alors que tu venais de la mentionner il y a quelques secondes à peine... Je me suis emporté comme un pauvre idiot désespéré, quelle honte... Ça doit être la fatigue... ou du moins le contre coup.

- Loan...

- Allez viens, on se rend à nouveau au parc. Une balade me changera les idées... En plus j'ai laissé mes affaires scolaires là-bas.

C'est comme ça qu'on se retrouve à nouveau sur son foutu banc où il rassemble ses affaires pour les ranger dans son sac. Et maintenant, je n'ose plus rien dire. Occupée par son état tandis qu'il reste enfermé dans ses pensées, ni lui ni moi ne remarquons que quelqu'un s'approche derrière nous... Peut être quelqu'un qu'il a bousculé. Ou qui l'a entendu me parler. Ou une inconnue s'approchant par hasard. Qui sait.

- Hé, regarde, c'est un chara !

- C'est l'empereur...

Je me retourne, surprise, puis un large sourire apparait sur mon visage. Ooooooh un autre chara ! C'est cool, ça ! Pourtant, Loan ne semble pas les avoir remarqué, toujours occupé à ressasser les quelques minutes précédentes. Je n'y fais pas attention, m'approchant doucement du chara et de la jeune. Allez. On va y aller avec diplomatie. Classe. Distinction.

- Salut, salut les gens ! Ben nous regardez pas comme ça, c'est bien l'empereur mais il se résume pas juste à ça et pis on va pas vous manger !

En fait, je crois que je suis définitivement incapable de faire preuve de classe et de distinction... Loan se retourne, surpris de m'entendre parler si soudainement, quand ses yeux croisent ceux de la jeune femme. Il la salue poliment d'un signe de tête, m'interrogeant néanmoins du regard pour comprendre pourquoi je viens de leur parler de la sorte. Roh. Un effort, petite tête bleue. Tu peux bien approcher pour faire connaissance, non ?

- Demi-tour Ihata.

Zut ! Ca tombe mon manque de délicatesse lui a fait tout de suite penser qu'il valait mieux nous fuir. Maiiiis euh. Ca se fait pas ce genre de trucs. Je me place juste devant sa tête, appuyant mon index contre son front avant de croiser mes mains sur ma poitrine, un sourire venant trahir cette moue faussement fâchée et boudeuse.

- Hey ! C'est pas gentil, ça. Je te catégorise pas dans "simple élève humaine" je te signale ! Et je te fuis pas comme ça alors que je viens de parler de toi !

- Cesse donc de l'importuner, Amaya... La demoiselle ne me connait même pas.

Le dit "empereur" avait remis avec son sac sur son épaule et s'était levé de son banc pour s'approcher de nous, visiblement embêté que j'importune ainsi la jeune inconnue. Ah les humains. Ce qu'ils peuvent être bêtes ! Comment veulent-ils se connaître s'ils ne s'adressent jamais la parole ? S'ils restent toujours dans leur coin à part ? Faut vraiment tout leur apprendre. Loan se tourne ensuite à la jeune femme, s'inclinant poliment, en véritable japonais.

- Je m'excuse de l'impolitesse de mon Shugo... Elle n'est pas méchante vous savez, juste très directe et amicale. Je ne vous impose pas ma présence plus longtemps, vous pouvez partir sans qu'on ne vous en empêche... N'est-ce pas, Amaya ?

- Pfffft, je me contente de commenter en me posant sur son épaule, lui tirant par vengeance une mèche de ses cheveux bleus même s'il ne bouge pas d'un millimètre sous mes assauts. C'est pas juste ! On s'en fiche si c'est pas poli après tout ! Si on peut avoir une conversation sympa, je vois pas pourquoi on s'en priverait par politesse.

Je l'entends lâcher un soupir. Qu'est-ce que j'ai dis ? Vraiment bêtes ces humains à soupirer pour rien à chaque fois qu'on leur fait une remarque tout à fait véridique et brillante d'intelligence.

- Sachiko non plus vous savez. Elle est juste très timide et...

La Shugo, répondant au nom d'Ihata si j'ai bien retenu leur petit dialogue de départ, n'a pas le temps de finir qu'elle se fait attraper à pleines mains par son humaine, sans doute pour la faire taire. Même réaction pour Loan et moi : Un léger sourire en coin, constatant que "Sachiko" rougit fortement. Ah oui effectivement, très timide comme jeune fille ! Mais je me demande ce qu'Ihata voulait ajouter... Timide... et... ? Sans doute ne le saurons-nous jamais. L'humaine fait un joli sourire. Un peu forcé, mais un joli sourire quand même.

- Alors tu t'appelles Sachiko ? C'est plein de bonheur comme prénom !

Vu que Sachiko signifie "enfant du bonheur". Bizarrement, ma tentative-d'humour-foireuse impose un silence. Un véritable ange qui passe. Je remarque que Loan a perdu son sourire en coin et me fixe du regard, un air curieusement -ou habituellement, je sais même plus à force- blasé venant s'afficher clairement sur son visage.

- ...Baka-chi.

- Quoi, c'est pas drôle ?

- Non.

- Hey ! T'es pas obligé d'être aussi... honnête ! Enfoiré !

- Mais ce n'est pas grave vous savez !

- Qu'est-ce qui n'est pas grave ?

- On va vous laisser je crois.

- Ba pourquoi ?

- Et vous, voulez-vous que l'on parte ? Réussit à placer Ihata en se libérant des mains de son humaine.

Ca en fait des questions d'un seul coup et lancées un peu dans tous les sens. Mais c'est vrai que l'humaine a l'air vraiment très gênée. Voir embarrassée. Elle doit être encore plus timide que Loan, j'imagine. Surtout que lui a appris à bien le cacher avec le temps. D'ailleurs son sourire chaleureux ne montre aucune gêne. C'est fou ce que ce sourire est apaisant. Agaçant, horripilant mais apaisant. Euh... Je suis pas un peu contradictoire, là... ?

- Eh bien, vous pouvez partir si vous le souhaitez, mais vous ne nous dérangez nullement. D'ailleurs nous pensions nous balader un peu. Vous voulez peut être nous accompagner ? Bien sûr c'est juste une proposition, ne vous forcez pas à accept...

- Oh allez, siouplaît, ça serait bien ! Sinon je suis bonne pour entendre un loooong silence tout le long de la balade ça va être ennuyant à mort !

- ...er, complète Loan en levant les yeux au ciel, gardant tout de même son fameux sourire.

- Hé, tu veux hein ? Allez dis que tu veux !

- Hein ?

Ah, visiblement, la demoiselle s'était plongée dans ses pensées et est en train de reconnecter ses neurones. Un truc d'humain, ça, plonger dans ses pensées. Toujours à se prendre le chou pour rien ceux-là... J'ai jamais compris pourquoi d'ailleurs. Ca sert à quoi de réfléchir si c'est pour se mettre des barrières idiotes qui de toute manière empêcheront quelconque action ? Bref. Plus tard les discours philosophiques sur la nature humaine bourrée de défauts.

- C'est d'accord !

Elles s'étaient avancées vers eux toutes les deux mais c'était finalement la Shugo qui avait répondu. Les Shugo-Chara ont le pouvoir, mouahahahaha !... ah... ah... Ok je vois, les études d'abord, l'humour après. Vous allez avoir des tronches pleines de rides à vingt ans, vous. Vous pourrez pas dire qu'on vous aura pas prévenu. Euh... Ouais, en fait je sais pas à qui je parle. Pas grave. Peut être qu'il existe des télépathes qui m'entendent quelque part ? Mouis, c'est bien tordu comme façon de penser. Bon, peu importe, on poursuit sur le sujet initial.

- Bon, on va vous accompagner puisque ça a l'air de leur faire plaisir, soupira Sachiko avec un léger sourire partagé par Loan.

Ihata regagne l'épaule de sa propriétaire avec un "Ouiiiii" enjoué qui me fait lever le pouce dans sa direction avec un clin d'oeil complice. Je vous l'dis, moi, on a le pouvoir suprême sur les humains, on arrive toujours à leur faire accepter la meilleure solution ! Et là on y arrive même sans Chara-Change, vous imaginez même pas combien on est trop doué !

- Bon, on va où ?

Loan peut sans doute répondre qu'ils pouvaient aller n'importe où où elle le désirait, mais ça n'avancerait pas à grand-chose. Et heureusement, il a l'air de s'en rendre compte, alors il propose une idée.

- Eh bien, je ne connais pas vraiment tes goûts mais... On peut aller se balader au centre-ville, si tu veux. Il y a un salon de thé qui a ouvert il y a quelques temps seulement je n'y suis jamais allé. On pourrait aller y jeter un coup d'oeil. Si ça te convient.